Combien de particuliers, de musées,
de collectivités ou d'églises ignorent encore le nombre – sans parler de la valeur – des
pièces qu’ils détiennent…
Outre qu’il nous a très chaleureusement reçus, Fabrizio
Rossi, officier spécialisé à la cellule « Oeuvres d’art »
d’Interpol nous en a apporté un élément de preuve patent : Il s’agit d’une
lettre circulaire de la Commission Pontificale pour les Biens Culturels de
l’Eglise. Son titre est éloquent: « Nécessité et Urgence de l’Inventaire et du Catalogage des Biens
Culturels de l’Eglise ».
Je n’en ai
qu’une version espagnole. On y
retrace tout l’intérêt de l’Eglise à développer et enrichir son patrimoine
artistique, depuis la reconnaissance par le pape Grégoire le Grand (590-604) de
l’intérêt pédagogique des œuvres d’art, en passant par le second concile de
Nicée (787) qui établit les canons de l’iconographie chrétienne, l’intérêt des
ordres monastiques ou mendiants pour les biens artistiques, la création du
Commissariat pour la Conservation des Biens Culturels Antiques par le pape Paul
III en 1534…
Déjà au
IIIème siècle, les Rositiaires – « rositiarios » en espagnol dans le texte –
disait le Providete ne per negligentiam…: «Prenez garde que par votre
négligence le moindre des objets que renferme cette église ne se perde. Agissez
comme s’il s’agissait de rendre compte à Dieu des objets protégés par ces clefs
que nous vous confions».
Une
histoire multimillénaire d’accroissement de son patrimoine artistique – sans
jamais réellement le connaître !
Providete
ne per negligentiam… Aujourd’hui, en Europe, l’Eglise lutte pour la survie de
ses oeuvres d’art. Nos églises de France, d’Italie, mais aussi plus récemment
de Tchéquie où plus de 15 000 vols d’art cultuel ont été répertoriés, sont de
véritables « libre service » pour les pillards. Jamais décrits, jamais
inventoriés, ces objets ne seront sans doute jamais retrouvés.
Pourtant, les églises ne représentent que 3% des vols d’œuvres d’art -- en
France, tout au moins. Un détail comparé aux délits constatés chez les
particuliers ou dans les châteaux (95% des cas recensés).
Malgré
cela… si peu de personnes réalisent un inventaire de leurs objets de valeur !
L’inventaire permet de connaître son patrimoine, d’en évaluer la valeur, et de
le gérer, comme un actif : l’assurer, le transmettre et le préserver. Pour tout
possesseur de biens de valeur l’inventaire est tout simplement une procédure de
bon sens !
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